Newsletter d'octobre 2021

31/10/2021

Comme dans tous les pays, le processus éducatif en Palestine a été fortement affecté par la pandémie de Covid-19. Cette pandémie a imposé aux Palestiniens de continuels confinements ainsi que de sévères restrictions de déplacement. Au cours de l'année académique passée, les enseignants ont dès lors dû combiner les cours en classe avec des cours en virtuel. Cette stratégie a eu des aspects positifs ainsi que des aspects négatifs. Le principal aspect positif a été que les étudiants ont acquis de l'expérience en « e-learning » ou apprentissage électronique, ce qui les a aidés à communiquer plus facilement avec leurs formateurs ainsi qu'entre eux. Un aspect négatif est que les étudiants ont éprouvé des difficultés à se connecter à internet parce qu'ils vivent dans des communautés vulnérables des Territoires Palestiniens Occupés. Ils n'ont donc pas toujours pu assister à tous les cours en ligne. De plus, la participation des étudiants pendant les cours en ligne n'est pas aussi évidente que pendant les cours en classe.

Dans ce contexte palestinien difficile mais tout en voulant assurer autant que possible la stabilité dans le nombre de bourses octroyées dans l'avenir, le conseil d'administration de Hope a décidé de maintenir le nombre de bourses au même niveau que l'an passé, soit 40 pour l'année académique 2021-2022, selon la répartition suivante : 6 bourses pour le PMRS, 4 bourses pour Al Kamandjâti, 14 bourses pour Al Quds et 16 bourses pour AAUP. Ces bourses représentent une dépense d'environ 32 000 € pour ce 2ème semestre 2021.


Dernières actualités du PMRS :

Au PMRS, les enseignants n'ont pas pu utiliser certaines méthodes pédagogiques, comme les travaux en groupe, les exercices et les présentations de cas cliniques. Tous les examens ont eu lieu dans les locaux du PMRS, mais avant ces examens, des révisions ont été organisées pour les cours donnés en ligne, de manière à s'assurer que les étudiantes avaient bien compris le contenu de ces cours. Les évaluations des étudiantes ont été bonnes et les enseignants étaient satisfaits des résultats des étudiantes.

Lorsque les étudiantes avaient terminé leurs examens, elles étaient censées commencer la formation pratique. Mais à cause du confinement et des restrictions de déplacement, cette formation a été retardée de 3 semaines. Le trimestre a donc été prolongé de 3 semaines. Comme la moitié des étudiantes vivaient en résidence universitaire à Ramallah et comme la plupart des sites pour la formation pratique se trouvaient à Ramallah, cela a été facile pour les étudiantes de participer à la formation. Et cela vaut la peine de mentionner que les objectifs de la formation pratique ont été atteints comme avant la pandémie.

Malgré les conditions difficiles du confinement, il n'y a pas eu d'abandon parmi les étudiantes. De plus, un service d'aide psychologique du PMRS était disponible pour les étudiantes.

Voici quelques témoignages des étudiantes (reçus en arabe et traduits par nos soins) :

Siwar : « J'ai terminé mes études de première année et je suis maintenant en deuxième année. Ma première année était une année pleine de nouvelles expériences pour moi, car j'ai quitté la maison. Vivant en résidence universitaire, j'ai eu du mal à m'adapter à la nouvelle situation au début, mais maintenant c'est comme ma maison. Pendant l'année, J'ai bénéficié de beaucoup d'informations utiles sur les plans pratique et scientifique. J'ai appris à traiter les cas de maladies chroniques, la nutrition et son importance pour la santé, les compétences infirmières et comment les appliquer lors de la formation pratique et comment être patiente avec des gens. »

Anal : « J'ai apprécié d'étudier au PMRS sur les plans académique et social, car ces études reposent fortement sur les relations avec la société et les gens. Les sociétés en général ont besoin de plus de conseils en matière de santé pour pouvoir vivre une vie saine, et c'est un domaine que nous étudions particulièrement. J'ai acquis beaucoup d'informations et de compétences au cours de la première année, et je peux aussi compter sur moi-même dans certaines questions de santé pour aider les gens, dont la plus importante est l'éducation à la santé, que beaucoup de gens dans notre société ignorent. »

Haneen : « Au cours de ma première année, ma personnalité s'est développée à partir de plusieurs aspects, tels que la confiance en soi, l'audace, et ne pas faire de distinction entre les hommes et les femmes. J'ai acquis beaucoup de compétences en soins infirmiers qui ont changé ma vie, telles que donner des aiguilles, mesurer les signes vitaux et donner les premiers soins, ce qui a conduit au renforcement de ma personnalité dans cette société. Nous avons eu en plus des cours d'éducation à la santé dans plusieurs domaines tels que les maladies chroniques, l'utilisation des médicaments et la nutrition. »

Anfal : « Cela a été une bonne expérience d'étudier au PMRS, car le matériel était très utile tant sur le plan théorique que sur le plan pratique. Pendant la pandémie de Covid-19, les conférences nous ont été données d'une excellente manière. »

Walaa : « Sur le plan personnel, j'ai pu développer mes compétences en soins infirmiers et en éducation à la santé par la pratique permanente dans les chantiers de formation pratique. Le stage a été l'une des plus belles périodes que j'ai vécues. Il y a eu seulement quelques difficultés pour le transport. Au cours de nos études, nous avons été soutenues par nos familles et la communauté dans son ensemble. Cette année d'études nous a apporté plus d'expérience et plus de compétences pour la communauté avec laquelle nous sommes en contact. »

Dernières actualités d'Al Kamandjâti :

Comme des concerts en live, notamment des concerts d'étudiants, n'ont pu être mis en place durant le confinement, l'association a décidé de créer pour eux un espace en ligne sur les réseaux sociaux, appelé « play music at home », où chacun d'entre eux pouvait jouer depuis la maison tout ce qu'il voulait pour ses pairs. Et cette initiative a beaucoup contribué à maintenir l'enthousiasme et la motivation de ces étudiants pendant toute cette période. En effet, et surtout pour les débutants, il est très difficile d'apprendre un instrument sans la présence physique d'un professeur qui peut vous montrer la bonne position du bras, de la main, des doigts ... Pour les plus avancés, il est facile de poursuivre les cours en ligne pendant un certain temps, mais pas pour les débutants.

En période de quarantaine, l'association Al Kamandjâti a également commencé à travailler sur la production de nombreuses chansons originales avec la participation de nombreux étudiants et musiciens de Palestine, du Liban, de Syrie, de Jordanie et d'Espagne. L'une de ces chansons était "Dreams and Hills" qui a été largement diffusée dans le monde entier car elle parle de notre fléau en tant que Palestiniens avec deux épidémies principales, l'épidémie de l'occupation et l'épidémie de Covid-19. Cette chanson ainsi que d'autres compositions musicales ont été réalisée en utilisant les téléphones portables personnels des musiciens depuis leurs maisons.

Le dernier trimestre à AK a été une sorte de renaissance puisque l'association a pu réaliser une grande partie des projets qui avaient dû être annulés à cause de la crise sanitaire. Ces projets ont été accueillis chaleureusement par tous les étudiants parce que cela leur manquait trop de jouer ensemble et de se réunir grâce à la musique.

Par exemple, le « projet d'orchestre de violoncelles » est un projet qui réunit 30 étudiants en violoncelle venant de toute la Palestine (Jénine, Ramallah, Bethléem et les camps de réfugiés de Qalandiah, Jalazon et El Azza). L'orchestre conduit par Fabienne Van Eck a comme objectif de mettre en relation des étudiants en violoncelle provenant de différentes localités de Palestine et aussi de faire connaître le violoncelle au peuple palestinien en espérant que plus de personnes vont écouter, apprécier et peut-être même jouer du violoncelle. Après des répétitions régulières, il y a eu une tournée d'orchestre de violoncelles en juin et juillet 2021.

De plus, AK organise depuis plusieurs années un concours de concerto auquel n'importe quel étudiant en musique peut participer. L'idée est que les gagnants du concours pourront se produire comme solistes pendant une tournée de concerts organisée par l'association. L'orchestre est dirigé par Muntaser Jebrini. Ce concours est très stimulant pour les étudiants puisque cela les oblige à jouer de leur instrument de musique avec un objectif clair qui est très excitant pour eux.

L'association AK commence cette nouvelle année académique en espérant que cette année soit aussi normale que possible. Elle a beaucoup de projets à réaliser, comme des concerts mensuels des étudiants, un concert de Noël ...

Malheureusement, un certain nombre d'étudiants d'AK ont abandonné à cause de la crise sanitaire. En effet, certains d'entre eux n'avaient pas de bonnes connexions internet qui pouvaient leur permettre de suivre les cours en ligne. Mais surtout, certains ont abandonné parce qu'ils étaient étudiants et ne savaient pas accorder leur instrument, ce qui les empêchait de pouvoir pratiquer correctement.

Voici quelques témoignages des étudiants :

Asma (violon) : « J'apprends le violon depuis longtemps à Al Kamandjâti. Cette année, malgré la situation compliquée que tout le monde a vécue, j'ai pu participer à de nombreuses activités et concerts musicaux avec mes amis et professeurs : le concert du Nouvel An, l'ensemble de filles d'Al Kamandjâti AMARENTINA, la tournée de concerts à Ramallah, Naplouse et Deir Ghassana ; le festival Wein à Ramallah. De plus, j'ai enseigné la musique aux enfants pendant le camp d'été organisé par l'association, ce qui m'a permis d'acquérir une nouvelle expérience professionnelle ; c'était super ! Al Kamandjâti est ma deuxième maison et j'adresse toute ma gratitude à mes professeurs et amis là- bas ».

Karam (bouzouq) : « Je joue du bouzouq depuis 9 ans : c'est une grande passion pour moi. La musique me fait vivre toute la journée et j'ai décidé de continuer à apprendre la musique à l'université de Birzet pour avoir un deuxième diplôme. Pendant mes études à Al Kamandjâti, j'ai également joué de nombreux concerts avec l'ensemble de musique arabe, l'ensemble oriental des étudiants AK, les festivals AK pendant les camps d'été, le groupe El Estkelal avec le ministère de la culture en Jordanie ... Al Kamandjâti est la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie et cela m'a permis d'entrer dans une autre dimension et d'avoir une autre manière de penser. »

En conclusion, comme vous avez pu le lire dans cette lettre d'information, nos partenaires palestiniens n'ont pas manqué d'imagination et de dynamisme pour continuer à dispenser les cours en période de confinement.

Et Hope ... Plus que jamais, nous voulons continuer à aider les jeunes étudiants à garder l'espoir pour un futur meilleur pour eux-mêmes, leurs familles et leur peuple et continuons à compter sur votre soutien pour y parvenir.