Newsletter mai 2024

Chères amies, chers amis,

Une fois n'est pas coutume, nous souhaitons évoquer la situation générale en Palestine avant de vous donner des nouvelles récentes de nos étudiants et étudiantes.

De la situation générale en Palestine

Depuis notre dernière lettre d'information, rien n'a changé à Gaza et en Cisjordanie. Bien au contraire, la situation humanitaire s'aggrave de jour en jour à Gaza. Et la sécurité des Palestiniens devient de plus en plus précaire en Cisjordanie.

Jusqu'à présent, nous avons toujours tenu à nous centrer principalement, dans notre communication, sur le cœur de notre objet social, à savoir apporter une aide financière à de jeunes Palestiniens en difficulté socio-économique, afin qu'ils puissent poursuivre leurs études sur place, et ne pas nous étendre sur le contexte d'occupation de la Cisjordanie par Israël, même s'il constitue évidemment un des motifs à l'origine de notre action, modeste initiative de solidarité avec un peuple qui vit dans le déni de ses droits depuis tant de décennies.

Mais, devant la tragédie qui se joue en Palestine, cela devient difficile, voire intenable de ne pas aborder le contexte politique actuel.

Comment ne pas évoquer la situation dramatique à Gaza, les bombardements incessants notamment sur les camps de réfugiés et sur Rafah, où s'entassent 90% de la population gazaouie, qui ont dû quitter leurs foyers et sont contraints de se déplacer d'un endroit à l'autre au gré des injonctions et des menaces de l'armée israélienne. Et comment ne pas penser à la mort lente à laquelle ils sont condamnés en raison des conditions de vie totalement insalubres – absence d'abris décents, d'eau, d'électricité, de soins médicaux, … - et de la famine programmée, consécutive aux mesures israéliennes restrictives pour l'acheminent de l'aide humanitaire et dont, rappelons-le, les victimes sont essentiellement des femmes et des enfants (70%).

En Cisjordanie également, bien que dans une moindre mesure et avec moins de visibilité médiatique, les habitants voient leur situation s'aggraver. Les fonctionnaires ne sont plus payés car le gouvernement israélien bloque le versement des taxes dues à l'Autorité palestinienne. Les contrôles sont renforcés sur les grands axes, à proximité et dans les grandes villes palestiniennes. De nombreuses localités sont bouclées par des points de contrôle de l'armée israélienne. Celle-ci effectue des incursions quotidiennes dans les camps de réfugiés et dans les villes sous autorité palestinienne, avec, à chaque fois, des morts, des blessés et des arrestations arbitraires de Palestiniens de tous âges qui subissent alors des conditions de détention encore plus inhumaines et dégradantes qu'auparavant. Les attaques des colons israéliens, parfois protégés et secondés par des soldats, sur des Palestiniens dans des villages se traduisent par des morts et des destructions de biens telles que de nombreux colons ultraorthodoxes ont été interdits d'entrée dans certains pays occidentaux. Les restrictions de circulation imposées par l'armée israélienne et l'insécurité permanente que vivent les Palestiniens ont un retentissement important sur le plan économique, social, culturel, psychologique individuel et familial. Elles constituent des atteintes à l'intégrité matérielle, physique et psychique des Palestiniens et à leurs conditions d'existence, les empêchant de mener une vie libre, digne et décente dans leur propre pays, là où ils se trouvent.

Aussi, voulons-nous exprimer notre désarroi et notre désespoir – et celui de tant de jeunes et de moins jeunes, en Belgique, en Europe et dans le monde entier - de ne voir aucune issue à court, ni même à moyen terme à l'enfer que vivent les Gazaouis, en l'absence de réelles pressions extérieures sur les acteurs, dont principalement Israël qui, en tant que force occupante, est le premier à pouvoir mettre fin à ce drame, si on (=les Etats-Unis) l'y contraint.

À quand donc de réelles mesures contraignantes au niveau international à l'égard d'Israël pour le forcer à aboutir à un cessez-le-feu immédiat et définitif ?? À quand donc la reconnaissance d'un État palestinien et un projet de reconstruction juste et réparateur du pays pour redonner un réel espoir d'avenir à un peuple et non le condamner à emprunter la voie extrémiste pour se faire entendre sur la scène internationale ?

À quand donc des pressions sur les États-Unis, l'Allemagne et les autres fournisseurs d'armes aux belligérants pour qu'ils suspendent leurs livraisons d'armes ?

À quand donc des sanctions européennes contre Israël pour que cet État cesse ses nombreuses atteintes au droit de la guerre et au droit humanitaire et applique enfin les résolutions de l'ONU ?

Seule lueur d'espoir dans ce terrible constat, la toute récente déclaration du Procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan, qui dépose des requêtes aux fins de délivrance de mandats d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité concernant la situation dans l'État de Palestine contre d'une part, les trois plus hauts responsables du Hamas et d'autre part, le Premier ministre Benyamin Netanyahou ainsi que le ministre de la Défense d'Israël Yoav GALLANT. Dans la déclaration du 20 mai 2024, le Procureur rappelle qu' « Israël, à l'instar de tous les États, a certes le droit de prendre des mesures afin de défendre sa population mais ne saurait se soustraire pour autant aux obligations faites à tout Etat de respecter le droit international humanitaire. Quels que soient les objectifs militaires des autorités israéliennes, les moyens employés par Israël pour les atteindre à Gaza, à savoir des actes causant intentionnellement la mort, une famine, de grandes souffrances et des atteintes graves à l'intégrité physique de la population civile sont criminels ». Il « reste profondément préoccupé par les allégations de crimes internationaux qui continueraient d'être commis en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, et qui commencent à être corroborées. » Il conclut en disant qu'il « est important aujourd'hui de dire les choses clairement : si nos actes ne traduisent pas notre volonté d'appliquer le droit de manière impartiale, si notre application du droit est perçue comme étant sélective, nous aurons contribué à son effondrement. Ce faisant, nous contribueront au délitement des liens ténus qui nous unissent encore et des relations entre toutes les communautés et les personnes qui sont des vecteurs d'équilibre et constituent un filet de sécurité auquel toutes les victimes se raccrochent lorsqu'elles traversent des périodes difficiles. Tel est le risque bien réel qui se dessine en ce moment charnière. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons démontrer collectivement que le droit international humanitaire, qui dicte les normes à respecter en temps de guerre, s'applique de façon impartiale à toutes les parties à un conflit armé dans l'ensemble des situations portées devant mon Bureau et la Cour. C'est ainsi que nous pourrons démontrer concrètement que toutes les vies humaines se valent. » (https://www.icc-cpi.int/fr/news/declaration-du-procureur-de-la-cpi-karim-aa-khan-kc-depot-de-requetes-aux-fins-de-delivrance)

Dans le droit fil de cette déclaration et plus que jamais, en tant que citoyens et citoyennes belges et européens, il nous appartient d'interpeller et de faire pression sur nos gouvernants pour un changement de paradigme qui puisse aboutir à une réelle paix juste au Proche-Orient.

Les élections du 9 juin 2024 sont une opportunité entre autres pour les inciter à être plus fermes et courageux dans leurs prises de position sur le conflit à Gaza et le futur de la Palestine et d'Israël.

Des nouvelles de nos partenaires

Pour en revenir à notre objet principal, nous avons constaté lors de nos contacts avec nos partenaires que la situation de violence, le sentiment accru d'abandon par la communauté internationale et le peu de perspectives de paix avec Israël ne cessent de miner le moral de la population civile jusqu'alors si confiante et résiliente.

Devant ce constat, même s'il ne s'agit que d'une goutte d'eau dans la mer, nos marques de sympathie avec les étudiants, les professeurs et leurs familles deviennent plus que nécessaires et nous avons décidé d'être plus proactifs et réactifs avec les comités locaux des Hautes Ecoles et Universités partenaires pour marquer notre solidarité. Certains membres du CA se sont donc davantage investis dans des contacts personnalisés via Skype et WhatsApp avec les membres des comités locaux et tiennent à la continuité de ces liens particuliers/ singuliers, de mois en mois. Les communications sont souvent interrompues ou mises en échec mais ils s'obstinent malgré tout et tous nos partenaires témoignent du fait que ces échanges leurs apportent un peu de réconfort. Ils évoquent leur vie quotidienne de plus en plus difficile sur place, la situation économique et sécuritaire dégradée et la difficulté des déplacements, voire leur impossibilité pour les étudiants et les professeurs.

Quelques témoignages à propos de nos boursiers

Yanal, professeur à Al Kamandjâti à Jénine, nous dit que les professeurs et les élèves continuent à faire de la musique ; les cours se poursuivent mais on n'y organise quasi pas de concerts actuellement ou alors en tout petit comité (avec les parents des élèves). Régulièrement, tenant compte des alertes, l'école suspend pour quelques heures les cours afin d'éviter que les étudiants se déplacent lors des incursions militaires. D'ailleurs, quelques étudiants ont de ce fait complètement suspendu leur participation à AK mais la plupart d'entre eux continuent à fréquenter l'école. Ainsi, l'ensemble de musique orientale que la délégation HOPE avait pu entendre l'an passé, continue de travailler et il y a deux mois, Yanal a créé un nouvel ensemble avec de plus jeunes musiciens et une des boursières HOPE, qui joue notamment du violoncelle ; le deuxième boursier à AK Jénine vient très régulièrement à l'école et y passe beaucoup de temps à jouer et à improviser sur son qanun. Yanal nous a transmis quelques vidéos que nous avons chargées sur le site de Hope.

Yanal nous confirme les entraves aux déplacements. La route entre Ramallah et Jénine est très malaisée du fait de la multiplication des checkpoints ou de la nécessité d'emprunter de plus petites routes en mauvais état. Souvent il faut 5h pour faire le trajet alors qu'avant, il pouvait se faire en 1h30-2h. il arrive que certains soient systématiquement retenus durant plusieurs heures lorsqu'ils font la route. Du coup, les professeurs qui habitent Ramallah ne viennent plus systématiquement à Jénine et donnent leurs cours en ligne ; heureusement, cela n'affecte pas nos étudiants boursiers.

De Khalil, responsable de l'école Al Kamandjâti à Ramallah, nous recevons des nouvelles de la progression de nos deux élèves boursiers 2024. L'un, qui étudie le oud (niveau 4), pratique son instrument dans un ensemble de musique orientale. Il a pu présenter l'examen technique en janvier. Il a joué en concert le 26 mars 24 avec une fanfare et un orchestre au Hall Al Kamandjâti pour le Ramadan. Il passera son examen d'instrument fin mai 24. Notre deuxième étudiante travaille le violon (niveau 8) ; elle a également réussi son dernier examen de technique en janvier 24 et sera graduée pour l'instrument en fin d'année académique. Elle est également étudiante en musicologie à Birzeit en 4ème année. Elle travaille déjà comme professeur à AK en enseignant le violon à de jeunes élèves.

Et, tout récemment, Mustapha du Comité local à AAUP nous a annoncé que la situation à Jénine s'est terriblement dégradée et est devenue catastrophique avec les dernières attaques de l'armée israélienne dans la ville. Tout le monde est actuellement cloîtré chez lui et il n'y a plus de cours à l'université. Nous espérons néanmoins que les étudiants pourront malgré tout terminer leur semestre.

Safa du Comité local à Al Quds nous a également fait savoir que le staff continue à venir travailler sur place mais que les étudiants suivent les cours en ligne.

Nouvelles de Hope

• Lors de l'AG qui s'est tenue le 12 avril dernier, le CA de HOPE a proposé, et l'AG a accepté, non seulement de maintenir nos engagements vis-à-vis des étudiants boursiers pour le premier semestre 2024 mais aussi pour le second semestre 2024 d'augmenter le soutien aux étudiants. Nous sondons actuellement nos partenaires pour voir quelle est la forme la plus adéquate : augmentation du nombre de bourses, de leur montant ou soutien à l'hébergement pour éviter de trop longs déplacements, dangereux de surcroît... Nous envisageons aussi d'apporter à titre exceptionnel une aide financière à notre partenaire PMRS pour aider cette ONG médicale dans son travail humanitaire à Gaza. HOPE veille au bon acheminement de ces aides. PMRS nous a ainsi déjà confirmé que l'argent que nous avions récolté à la suite de notre appel de décembre 2023 a servi à fournir du lait à des enfants à Gaza.
• Nous profitons de cette lettre pour vous informer de notre prochaine activité, un repas solidaire palestinien au bénéfice des étudiants boursiers de Hope le 6 juillet 2024 à 19h à la Villa François Gay, 326 rue François Gay à 1150 Woluwe-Saint-Pierre.La contribution au repas est fixée à 35 euros (apéro et eau inclus – autres boissons à régler sur place). Le versement de ce montant sur le compte de Hope BE45 0015 1107 4989, avec la mention 06/07/24 + le nombre de convives, vaut réservation. Vous pouvez obtenir davantage d'information en contactant Gabrielle (0472 778 887) ou Muriel (0476 86 00 25).

Notez déjà également que nous prévoyons une activité début octobre à Namur et une table d'hôte à Rixensart dans la deuxième quinzaine de novembre.

• Information importante pour les attestations fiscales 2025 (revenus 2024)

A la suite de l'adoption d'une nouvelle disposition fiscale fin décembre 2023 (art. 323/3 § 3 CIR 92), l'indication du numéro national dans l'attestation fiscale relative aux dons de 40 euros ou supérieurs est devenu une obligation légale.

En tant qu'organisme agréé qui établit des attestations fiscales pour ses donateurs, Hope se voit contraint de vous demander votre n° de registre national. Nous vous suggérons soit de le mentionner dans la communication qui accompagne votre virement, soit de nous le communiquer par un mail envoyé à l'adresse : info@hopeforpalestinianstudents.be

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Que cette lettre soit enfin l'occasion de vous remercier chaleureusement pour vos dons passés et futurs, plus importants que jamais. Pour rappel : le compte de Hope : BE45 0015 1107 4989. Une attestation fiscale vous est délivrée annuellement dès 40 euros de don.

Colette, Daniel, Etienne, Gabrielle, Muriel, Ouardia et Palestina,